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LA VOITURE AUTONOME RÉVOLUTIONNE L’AUTOMOBILE… ET NOTRE MONDE

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LA VOITURE AUTONOME RÉVOLUTIONNE L’AUTOMOBILE… ET NOTRE MONDE

Après le million de kilomètres parcouru par la voiture autonome de Google et les annonces récentes de constructeurs automobiles, la voiture sans conducteur semble promise à un essor fulgurant. Pourtant, la technique n’est qu’en développement et les difficultés concrètes sont nombreuses. Roulera-t-elle vraiment un jour et remplacera-t-elle la voiture manuelle ? Oui ! répond Pierre-Louis Desprez, spécialiste du secteur. Techniquement, elle est réalisable et elle entraînera de profondes modifications de la société, comme la téléphonie mobile du secteur.

La voiture autonome n’a t-elle pas quelque chose d’utopique ?
La voiture autonome, c’est un rêve de l’humanité qui est en train de se réaliser. C’est le rêve de la mobilité libre, imaginé en son temps par Jules Verne. Ce rêve n'est pas sans rappeler celui de l’aviation. Ce qui le rend possible aujourd’hui, c’est la technologie croisée avec l'automobile : la voiture autonome est une hybridation du big data et d'un châssis. Des algorithmes sophistiqués permettent en effet de gérer des milliards de données, ce qui se voit par ailleurs dans les domaines de la santé, des transports, du vêtement intelligent etc. Et un déplacement en voiture, justement, nécessite de traiter des milliards de données.

Les voitures de Google ayant roulé aux États-Unis sont célèbres mais l’entreprise travaille sur des véhicules complètement autonomes, comme ce prototype où le volant et les pédales ont disparu. Il vient d'être autorisé à rouler sur les routes de la Californie, avec volant et pédales, pour se conformer à la réglementation.

La technique est donc au point ?
Une voiture, aujourd’hui, fonctionne grâce à des connaissances tombées dans le domaine public. Dans une Dacia, par exemple, il n’y a aucun brevet nouveau, mais l'utilisation d'éléments qui ont fait leurs preuves depuis longtemps. Reste à implanter dans ces voitures, dont la construction est très bien maîtrisée par les constructeurs, des technologies de calcul et surtout d'adapter l'environnement permettant à la voiture autonome de se déplacer, à commencer par les infrastructures. Il est probable que la voiture autonome sera surtout utilisable sur des routes conçues pour elles, des routes connectées émettant de l'information en temps réel. Il faudra aussi résoudre des questions juridiques (qui est responsable en cas d'accident ?), réglementaires (qui peut posséder ce type de véhicule ?), adapter les polices d’assurances (qui paie en cas de sinistre ?)…

Mais cela viendra vite, bien avant 20 ans ! L'enjeu économique est à la taille du marché mondial de la voiture, les constructeurs et les nouveaux entrants savent que les plus rapides prendront des parts de marché avant les autres. C’est Google qui a accéléré le processus en faisant rouler une telle voiture sur plus d'un million de kilomètres. Mais Tom Tom, Delphi, Nokia associé à Here, et d’autres encore sont sur les rangs.

Les voitures autonomes roulent déjà…
En 2010, Google annonçait son projet de voiture sans conducteur. Équipée de caméras, de lidars (détecteurs d’obstacles à laser), de radars, d’un récepteur GPS et d’un ordinateur, une Toyota Prius commençait à rouler seule en circuit fermé. Différents véhicules ont parcouru au total 2,7 millions de kilomètres, dont 1,6 million en mode autonome, étant impliquées dans onze accidents « mais sans qu’aucune ne soit responsable de l’accrochage » affirme Google.
Les constructeurs automobiles mènent eux aussi des expériences dans le domaine depuis de nombreuses années. En 2011, Volvo faisait rouler des voitures sans conducteur en convoi. L’équipementier Valéo a présenté un prototype et, depuis quelque temps, plusieurs marques proposent des assistants à la conduite capables de prendre le volant dans les embouteillages. En France, l’entreprise Navya commercialise un véhicule complètement autonome, qui a circulé dans les rues du centre de Lyon. Utilisé comme un transport en commun, il accueille jusqu’à 10 personnes et sert de navette sur de courtes distances.
D’après vous, quelle affirmation convient le mieux aux voitures autonomes ?
• C’est trop utopique.
• C’est un luxe coûteux.
• Elles permettront à des enfants, à des personnes âgées ou à des handicapés d’utiliser la voiture.

Il faudra donc des datations au-delà de la voiture elle-même ?
Bien sûr ! L’objet « voiture » doit être revisité et avec lui les transports urbains et interur-bains. Jusqu’ici, la voiture est vue comme un espace de liberté. On s'y sent chez soi. À l’avenir, ce sera un espace autonome et l’humain, nécessairement, va réinventer des usages dans ce nouveau contexte. Ce qui aura des implications sociales et politiques. C’est une vraie révolution socio-culturelle, et pas simplement technologique. De quoi faire une autre civilisation !

Ce type d’innovations révolutionnaires en entraîne d’autres, sous forme de grappes qui grossissent, comme ce fut le cas pour l'apparition de l'électricité, d’Internet, du moteur à explosion qui ont quitté leur application d'origine pour rayonner vers d'autres industries. De plus, les technologies s'agrègent entre elles : la voiture autonome sera sans doute plus vite électrique que la voiture traditionnelle, car la « résistance » culturelle est moindre vis-à-vis des nouveaux concepts que de l'adaptation des anciens. Il est évidemment impossible de prédire avec certitude où le concept de voiture autonome rebondira, mais les effets collatéraux seront nombreux, par exemple dans les transports publics, les transports professionnels, etc. Comme la téléphonie mobile et l’Internet par la 3G qui ont permis à l'Afrique de voir son PIB augmenter, l'innovation de la voiture autonome est de nature à changer le monde !
Renault travaille sur ce domaine avec un modèle très abouti : la Next Two, électrique, ca-pable de rouler sur une route au milieu de la circulation.

La Next two

Une question focalise l'attention: comment la machine réagira-t-elle lorsqu'elle devra prendre des décisions mettant en cause la vie humaine? Face à un obstacle inévitable, par exemple, devra-t-elle foncer dans le mur, au risque de tuer son passager, ou faucher des enfants stationnant sur la chaussée?
Ce dilemme, macabre, n'est pas si irréaliste. Ultrarationnelle, la machine pourrait prendre en un millième de seconde une décision que l'esprit humain n'aurait même pas le temps d'envisager: esti-mer que la vie de 10 enfants vaut plus que celle d'un conducteur.

En France, le chercheur en psychologie cognitive Jean-François Bonnefon, de la Toulouse School of Economics, a cherché à savoir ce que les gens étaient prêts à accepter d'un véhicule intelligent. Ses conclusions sont plutôt déroutantes: la majorité des personnes interrogées estime qu'il est normal que l'algorithme choisisse de sauver un maximum de vies... à condition qu'ils ne se trouvent pas eux mêmes à l'intérieur de la voiture sacrifiée!

Faire de la route l'endroit le plus sûr de la terre...
Face à ces apories, les industriels, eux, bottent en touche. "Ces questions ne sont pas à l'ordre du jour pour les prochaines années, réplique Franck Cazenave, directeur marketing et business déve-loppement de Bosch. Technologiquement, nous sommes incapables d'estimer les dommages corpo-rels d'un possible accident.

Actuellement, nous créons des 'briques technologiques', comme le freinage automatique, la détection des véhicules et des piétons sur la chaussée, ou encore le correcteur de trajectoire, qui, additionnées les unes aux autres, rendent la voiture plus autonome et plus sûre."

Si les véhicules commercialisés n'en sont pas là, qu'en est-il de tous ces prototypes qui circulent en Californie et, depuis peu, sur quelques routes françaises (PSA a fait ses premiers tests dans les Yve-lines)? Pour l'heure, ils sont programmés pour prendre le minimum de risques.
Un excès de prudence qui peut même se révéler paradoxalement dangereux: aux Etats-Unis, la len-teur excessive de la Google Car ou ses coups de frein brutaux seraient, selon les experts, à l'origine de la plupart des accrochages.

A l'inverse, lorsqu'ils sont confrontés à des environnements complexes, comme la place de l'Etoile, à Paris, même les prototypes les plus avancés sont incapables de s'orienter. "Grâce aux informations dont il dispose, le véhicule comprend qu'il ne peut pas piloter en mode autonome.
Il laisse alors la main au conducteur", explique Vincent Costet, chef du projet Connected Drive de BMW. En août 2015, l'histoire de cette Google Car, déstabilisée par la présence sur la chaussée d'un vélo à pignon fixe roulant sur place, a fait le tour du Web. Incapable d'analyser la nature de son voisin - piéton 'cycliste' -, la petite capsule ronde est restée comme tétanisée!

"Il ne faut pas brocarder trop vite la voiture autonome. Grâce à ses multiples capteurs, elle appré-hende son environnement sur 360 degrés, anticipe et freine beaucoup plus efficacement qu'un véhi-cule classique. Elle sera bien plus sécurisée", assure Patrick Pélata, fondateur de Meta Consulting. Faire de la route l'endroit le plus sûr de la terre...

Voilà en effet le principal objectif des constructeurs, qui rappellent que 80% des accidents sont dus à des erreurs de pilotage.

 

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